Les étudiants qu’ils soient en Tunisie ou à l’étranger ont été contraints de vivre l’expérience du confinement. Difficile et douloureuse, surtout lorsqu’on la vit loin de sa famille, cette expérience nouvelle et inédite, qui s’est transformée au fur et à mesure en une source d’inspiration, a fait, non seulement, éclorer chez certains des talents cachés mais elle a généré, par ailleurs, une profonde remise en question…
Nombreux sont les étudiants qui ont été obligés de suspendre leurs études aux universités et de se contenter uniquement de suivre quelques cours en ligne, en attendant la reprise des cours en présentiel. Idem pour les étudiants à l’étranger, qui, à la différence de ces derniers, étaient en plus obligés de rester confinés, loin de leurs familles. Si cette expérience s’avère pour certains difficile et douloureuse, elle est pour d’autres une source d’inspiration et une occasion de se remettre en question et une opportunité pour s’améliorer, développer de nouvelles compétences et profiter du temps libre pour pratiquer des activités qui les passionnent… Nous avons contacté certains étudiants à l’étranger et en Tunisie via les réseaux sociaux pour nous parler de cette expérience unique qu’ils sont en train de vivre… Témoignages… Firas, qui a débarqué au mois de janvier dernier en Allemagne pour suivre ses études en première année ingéniorat, était très enthousiaste à l’idée d’entamer une nouvelle vie, une nouvelle expérience, découvrir le pays, nouer de nouvelles amitiés et apprendre une nouvelle langue. Coup de théâtre ! A peine installé dans un appartement avec ses deux binômes camerounais et iranien, et à peine les études démarrées, on annonce dans ce pays, au mois de mars, comme dans le reste du monde d’ailleurs, à cause de la pandémie, le confinement général !
Une vie difficile mais enrichissante
Et les problèmes commencent dés lors. « Nous subissons beaucoup de stress ! Nous suivons des études en ligne de 8h30 jusqu’à 13h30 chaque jour et c’est très fatigant ! C’est notre quotidien ! », estime Firas qui, pour rester en contact avec sa famille et se sentir soutenu, n’a qu’un seul moyen, à savoir l’internet et les réseaux de communication. « A cause du confinement, de la distanciation sociale, nous les étudiants, inscrits en cycle d’ingéniorat, on se sent bloqués, car, nous devrions faire des exercices pratiques afin d’assimiler la langue allemande et cela, pour le moment, est quasi-impossible. Il faut attendre la fin du confinement général pour pouvoir poursuivre nos études et reprendre le cours normal de la vie. En attendant, je profite de mon temps libre pour lire des livres, discuter avec mes deux binômes, découvrir leur culture qui est différente de la mienne, pour m’enrichir », témoigne Firas.
Quand le confinement devient source d’inspiration
Quant à Ali Ben Cheikh, étudiant inscrit en 2e année ingénierie à Lille, artiste puisqu’il compose des chansons, joue de la guitare et fait de temps à autre des reprises de quelques tubes, a vécu le confinement comme une échappatoire qui lui a permis de rester zen, calme et de supporter sa solitude, loin de sa famille.« Cela fait deux mois que je suis confiné, que la vie que je menais a totalement changé, que je me pose mille questions dont les réponses m’échappent! Je suis loin d’être le seul à vivre cette terrible expérience, mais je me sens tout de même seul et plus seul que jamais. Le confinement m’a tout de même apporté de positif dans ma vie en France. Cette trêve au milieu d’un monde si complexe et ouvert dans lequel je vis, m’a accordé suffisamment de temps pour méditer sur mon passé, mes réussites, mes échecs, mes ambitions…», explique Mohamed Ali. Et de continuer : « Tous ces sujets bien qu’ils soient de première importance, je ne me souviens pas y avoir réfléchi autant auparavant .En effet, le rythme de la vie quotidienne était tellement accéléré que le temps de me remettre en question me manquait. Le confinement loin de ma famille est sûrement l’expérience la plus dure que j’ai vécue jusqu’à présent. Ce dont je suis conscient, c’est qu’après les moments difficiles, on apprend à être plus fort, car, comme le dit le proverbe, c’est à force de forger on devient forgeron, à bien s’organiser et à savourer les moindres moments de la vie. Le confinement m’a aussi beaucoup inspiré sur le plan artistique. En effet, je joue de plus en plus de guitare, C’est le meilleur moyen d’évasion que j’ai pu trouver en ces temps difficiles car il me permet d’échapper à la platitude de ma vie actuelle et de sublimer une réalité souvent pénible à gérer. A force de pratiquer ce loisir, je m’aperçois que je m’améliore de jour en jour et loin des obstacles de la vie quotidienne, mon inspiration est plus fertile ! J’ai même écrit une chanson ! ».
Pareil pour les étudiants qui poursuivent leurs études en Tunisie. Plusieurs d’entre eux ont eu du mal, au début, à vivre cette nouvelle expérience de vie. Ons, étudiante en troisième année anglais, à la faculté de Nabeul, et originaire de la ville du Kef, était obligée de rentrer chez elle où elle a commencé à suivre les cours à distance de son université.
« Au début, j’ai été un peu déprimée à l’idée de savoir si l’année universitaire va s’achever ou pas, si on va reprendre les cours et si on va passer les examens ! D’autant plus que je n’arrivais pas à suivre les cours en ligne, malgré les efforts que font nos professeurs pour nous encadrer et nous soutenir psychologiquement. Au début, j’étais presque bloquée, je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait au juste et comment tout cela va s’organiser. Mais après, et avec un peu de recul, j’ai réalisé que le confinement est une belle occasion pour avancer dans la vie, apprendre de nouvelles choses. Même si j’ai l’impression que ma vie est en stand-by, j’ai appris à m’adapter à ce rythme et à en profiter pour pratiquer chaque jour une nouvelle activité. J’ai découvert d’ailleurs que cette pause, au contraire, m’a permis de prendre mon temps pour réviser tous les cours que je devrais assimiler et de dévoiler mes talents dans la préparation de plats délicieux…», conclut Ons.